Les Drayes Blanches

Par Pascale Ebner

 

 
C’est parce que Anne (Wiechers) et Marie-Laure se sont laissées séduire par la proposition (je ne sais si je dois la qualifier d’honnête ou malhonnête) de Pierre-Yves Leterme que nous nous sommes engagés dans cette aventure dans le Vercors. Nous (Anne, Marie-Laure et sa fille, Emmanuel, mon mari, notre fils et moi) nous sommes donc retrouvés tous les 7 à la gare de Valence vendredi soir. Nous nous répartissons dans les deux voitures et nous voilà partis pour le gîte du Mandement, à Lente (lieu-dit perdu au bout de nulle part).
 
La route est dégagée pendant une trentaine de km, mais les choses se gâtent et après St Jean en Royans, la route est de plus en plus enneigée, le vent de plus en fort, générant même des nuages de neige au travers desquels on ne voit plus rien. Heureusement, c’est seulement au retour qu’on a pu voir qu’on longeait des gorges profondes. Le convoi doit s’arrêter à moins de 2 km de l’arrivée, et certains de ses passagers affronter le froid et le blizzard pour mettre les chaînes, qui malgré une répétition le matin même à St Germain se montrent un peu rebelles. La deuxième voiture, plus délicate, enfile tranquillement sa paire de chaussettes (c’est sûr, la prochaine fois, on investit !). Le chemin pour arriver au gîte est en plein vent et des congères sont en train de se former.
 
 
Le chalet qui nous accueille est spacieux et présente l’avantage de se trouver à 250 m du départ et de l’arrivée de la course, mais il est assez sommaire. Néanmoins, il y fait bon et nous offre une vue superbe sur le Vercors. Tout le monde trouve sa place et peut organiser sa journée du samedi. Ce sera une sortie de ski nordique de randonnée pour les plus jeunes et les plus courageux d’entre nous (température réelle de l’ordre de -20°C, et température ressentie avoisinant les -50°C à cause du vent glacial), les plus vieux préférant le repos bien au chaud, afin d’être le plus en forme possible pour la course. Rappelons que Emmanuel, Anne et Marie-Laure se sont engagées sur une distance de 13,5 km, Morgane, la fille de Marie-Laure sur 7 km et n’ayant peur de rien, ou étant très inconsciente, j’ai choisi de courir 24 km avec Pierre-Yves et sa femme (qui n’arriveront que dimanche en provenance directe de Villard de Lans). C’est en allant chercher les dossards (et les paires de chaussettes remises aux participants) que nous apprenons qu’en raison des conditions météo la course de 24 km est annulée, et que les inscrits sont invités à courir sur le 13,5 km. Finalement, cela m’arrange plutôt, car le froid commençait à me faire un peu peur !
 
Dimanche matin, le grand jour, le soleil est au rendez-vous, et nous découvrons un paysage magnifique, comme sur les cartes postales. Tout est blanc, et des particules de glace brillent dans l’air. Il fait quand même -22°C, mais pas un souffle de vent. Nous vérifions l’équipement obligatoire pour pouvoir prendre le départ. Les organisateurs sont très sévères, mais ils ont raison, à la moindre blessure nécessitant un arrêt, le froid sera vite insupportable.
 
Pierre-Yves et Marie nous rejoignent, il est difficile de nous reconnaître dans nos équipements hivernaux. Le départ est donné, environ 300 coureurs s’élancent … Et déjà nous pouvons percevoir ce qui nous attend ! La neige n’est pas dure, et nous enfonçons à chaque pas, de 10 à 15 cm au moins. Pas un seul appui stable, les chevilles sont sollicitées à l’extrême, et les cuisses ne sont pas en reste. La course commence par une petite montée, et malgré un départ pas si rapide que ça, je suis essoufflée au bout de quelques centaines de mètres, avant même l’endroit où mon mari et mon fils sont postés pour immortaliser nos exploits. Pourvu que ça se calme, sinon je vais tout faire en marchant !
 
 
La première moitié du parcours est à dominante ascendante, et les coureurs, exceptés les premiers je suppose, ne courent pas beaucoup. Le terrain est tellement instable que même en marchant on se fatigue, et qu’il est vraiment difficile de relancer la machine quand le chemin s’aplanit, on aimerait bien alors être en ski de fond.  Mais le décor est superbe : nous alternons des passages dans la forêt d’épicéas (Lente est très connue pour sa grande forêt) avec des traversées d’espaces découverts. Les arbres sont chargés de neige, les espaces découverts resplendissent sous le soleil.  J’ai vite compris que malgré mon bricolage pour isoler la poche à eau et le tuyau d’aspiration de mon camelback, il faut que j’aspire souvent si je ne veux pas que mon thé, chaud au départ, ne se transforme en sorbet, au moins à l’intérieur du tuyau. Pourtant, en courant on n’a pas froid... . J’ai vite enlevé les gants, et les buffs que j’avais autour du cou et sur la tête.
 
Je retrouve Anne et Emmanuel au ravitaillement du 6ème km, au bout d’1H05 de course/marche. C’est dire la vitesse de progression ! Je repars avec eux, en espérant qu’ils vont me tirer un peu, et histoire de ne pas laisser le p’tit frère prendre trop d’avance. Mon honneur d’aînée est en jeu.
 
 
Cette deuxième partie du parcours est moins difficile, dans la mesure où ça monte moins, ça a même tendance à descendre…  Après m’être laissée à nouveau distancer par mes deux compagnons, je les rattrape dans une descente assez raide entre les arbres, je m’éclate complètement. Mais contrairement à ce qui se passe sur terrain « normal », cette descente m’a épuisée, et je suis obligée de reprendre la marche en bas. Même en descente le terrain est difficile et nécessite des efforts musculaires assez importants, on ne peut pas seulement se laisser porter. Par moments, beaucoup trop brefs, on arrive à courir sur de la neige bien tassée, que c’est agréable de pouvoir mettre les pieds à plat et de ne pas sentir le sol se dérober pendant quelques dizaines de mètres, un vrai repos
 
 
Enfin, on arrive à la première et la seule indication kilométrique : nous sommes à 2km de l’arrivée. Nous sortons de la forêt et débouchons sur la plaine de Lente, on voit le reste du parcours, une belle piste de ski de fond qui nous mènera jusqu’à l’arrivée ! C’est tout plat, mais toujours aussi irrégulier par terre! Il faut tenir, arriver en courant...  surtout, que là, sur la petite bosse juste avant l’arrivée, il y a Gérard, Florian et Morgane, qui a brillamment fini ses 7 km de course, qui forment un comité d’accueil, et nous encouragent. Enfin, c’est fini. J’arrive 2mn30s derrière Emmanuel, c’est pas si mal ! Anne arrive tout de suite après. Pierre-Yves et Marie finissent ensemble et Marie-Laure, qui a toujours mal à sa jambe, a bien profité du paysage. La proximité du chalet nous permet d’aller prendre la douche avant la proclamation des résultats et le déjeuner offert par l’organisation. Repas à la hauteur de l’organisation.
 
En discutant avec les uns et les autres, nous apprenons que c’est la première fois qu’il y a tant de neige, et beaucoup d’inscrits sur la course du 24km avouent qu’ils sont bien contents qu’elle ait été annulée ! 24km dans ces conditions doivent être vraiment épuisants. C’était une course vraiment difficile, mais la beauté des paysages et les sensations qui restent donnent envie de recommencer, tout en raison gardant au niveau de ses ambitions.
 
 
 
 

 

 
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