Faire la CCC (Courmayeur-Champex-Chamonix)
Par Silvain Ducros
Ils ont finis. A mon tour !
Vendredi matin, navette de 7h30 pour Courmayeur, nous arrivons un peu avant le départ à Courmayeur. Il va falloir rentrer à pied maintenant !
Avant tout l’objectif est de finir mais le parcours de reconnaissance m’a donné des points de repères, j’ai découpé la course en 6 parties que j’estime durer de 3 à 4h et je vais chercher à franchir chacune de ses étapes l’une après l’autre :
- Courmayeur-Bertone
- Bertone - Grand Col Ferret
- Grand Col Ferret - Champex
- Champex - Trient
- Trient - Vallorcine
- Vallorcine - Chamonix
Dès le début, après un petit tour dans Courmayeur, une ascension de plus de 1400 m de dénivelé : la tête de la tronche. On se met dans le rythme que l’on va essayer de garder le plus longtemps possible.
Arrivé en haut, on se dit que vraiment ça va pas être facile. Que 10km, déjà 2h30 de passé, les jambes ont encaissé une montée très raide.
Arrivé en haut, descente vers le refuge Bertone. En fait, on a juste fait une boucle. On aperçoit Coumayeur en bas.
Ce qui suit jusqu’à Arnuva au 27ème km permet de récupérer, C’est roulant mais varié. relativement facile. Le paysage de montagne est magnifique.
Le temps se dégrade un peu mais reste relativement agréable.
Ensuite vient la longue montée du grand Col Ferret. 700 m de dénivelé en environ 4km. Deuxième grosse épreuve Avec moins de fraicheur que sur le premier col, ça parait long. Ca entame bien le physique et le moral quand on pense à ce qu’il reste.
Puis vient la descente sur la Fouly et Praz du fort.Dans la grande descente qui suit, c’est roulant, il faut faire attention à ne pas s’emballer.
En plus, on reçoit un super accueil lors de l’arrivée au ravitaillement de la Fouly. Vive la Suisse !
On continue ensuite la descente vers Praz du Fort, magnifique petit village avant la montée vers Champex que l’on aperçoit un peu plus haut entre les deux flancs de montagne.
Enfin, le refuge de Flégère où l’on peut récupérer un peu.
Ensuite vient la descente vers Chamonix, très facile par rapport à ce que l’on a connu avant, c’est la délivrance.
300 m avant l’arrivée je retrouve mon camarade qui m’avait doublé sur la tête aux vents, un autre également et on finis ensemble en courant sous les encouragements des spectateurs encore présents à 4h30.
Ca y est j’ai fini la CCC !
Photo finale avec mes 3 camarades de course. On s’est retrouvé à différents moments et on finis ensemble 349, 350 et 351 au classement :
Après quelques heures de repos, je rate cependant l’arrivée de Pascale, Philippe et Mohamed mais nous assistons à de nombreuses belles arrivées de concurrents et ensuite à l’arrivée de la PTL.
Nous sommes aux premières loges pour l’arrivée de François d’Haene puis des deux espagnols sur l’UTMB :
Nous profitons encore un peu de l’ambiance sur Chamonix puis retour à Genève, avion et arrivée sur Paris en fin de journée.
Quelques impressions sur la course :
Ce que j’ai le plus apprécié :
- forcément le début, l’ambiance au départ, l’émotion
- la partie légèrement vallonée mais roulante entre Bertone et Arnuva
- la Suisse (La Fouly, Praz du fort) : un moment passé sous le soleil au pays d’Heidi
- la montée vers Bovine après Champex ou cela se passe bien, j’ai bien récupéré au ravitaillement et là je commence à être persuadé que je vais finir.
- l’arrivée bien sur. même si à 4h30 du matin, il n’y a pas grand monde.
- les autres concurrents, ceux que l’on retrouve à différents moments de la course, toutes les nationalités représentées, le partage de l’effort avec eux
- l’organisation et les bénévoles vraiment très sympas, les ravitaillements sont très bien organisés.
- l’ambiance à Chamonix durant l’UTMB
- la chance d’avoir pu parcourir le parcours classique dans sa totalité
Ce que j’ai le moins aimé :
- en fin de parcours, la descente vers Vallorcine, dans la boue et la nuit.
- la dernière étape avec la montée vers la tête aux vents, une montée extrêmement raide, des marches d’escalier, des rochers puis une partie moins raide mais très glissante sous la pluie. Je ne pouvais pas courir même quand c’était « plat », plusieurs glissades et chutes heureusement sans gravité ont calmé mes tentatives.
- la moitié de la course faite de nuit sous la pluie qui ne permet pas de profiter du paysage. On ne part qu’à 9h. En même temps, c’est un peu « ma faute », j’aurai du être plus rapide ou plus lent ! En fait c’est voulu, cela permet à de très nombreux coureurs de passer la « tête au vent » de jour et de finir avec la vue sur le Mont Blanc.
- par moment la longueur de la course : 20 h c’est long.
Au final, vous le constatez : un bilan quand même positif
En ce qui concerne les différents passages de cols sur la CCC :
Les 5 cols sont vraiment long à grimper, c’est la montagne. Pas moins de 700-800 m de dénivelé à chaque fois. Ils sont par contre tous différents :
- La tête de la tronche, très long mais varié entre forêt, prairie alpine et finalement pierrier. C’est la plus longue ascension mais comme c’est la première, ça passe bien.
- Le grand col ferret dans un décor plutôt minéral qui se découvre progressivement et devient très long
- La montée vers Bovine (la Giète), une montée dans la forêt, douce au début qui devient très raide en suivant le cours d’un torrent, des rochers, puis en haut les alpages et les vaches. S’il faut choisir c’est celle que je préfère.
- La montée en lacet vers Catogne 750 m de dénivelé dans la forêt. Pas trop dur mais interminable. Où que l’on soit dans la montée, quand on lève la tête on voit toujours des petites lumières très hautes au dessus (les autres concurrents devant)
- La montée vers « la tête au vent », pas plus longue que les autres mais constituée essentiellement de rochers qui servent de marche d’escalier. On pas l’impression de grimper un col mais de monter des escaliers. C’est très raide. La fin de la montée s’adoucit, devient presque plate par moment mais est toujours constituée de rochers très glissants sous la pluie. Très difficile à parcourir et éprouvant. Surtout de nuit et sous la pluie . Heureusement que l’on arrive bientôt. On fait ce qu’on peut, on avance, on patiente jusqu’à Flégere. C’est celle que j’aime le moins.
Je crois que ce qui m’a permis d’aller au bout de terminer et de bonnes conditions et d’être parti au bon rythme et d’avoir fait très attention à l’hydratation et l’alimentation.
« Endurer c’est durer ! ».
Ce genre de course n’est pas une course de vitesse. A mon niveau on est pas là pour gagner mais pour finir. Par contre, dès le départ il faut faire attention, économiser son énergie, éviter de courir en montée, ne pas s’exploser les jambes en dévalant les descentes
Le deuxième point est l’alimentation et surtout l’hydratation. Quelques mauvaises expériences (crampes sur Saintelyon et Ecotrail) m’ont fait intégrer ce paramètre. Sur une course comme la CCC, pas le droit à l’erreur. Il faut s’hydrater constamment, boire de la soupe aux ravitaillement pour prendre du sel, boire du thé sucré pour reprendre de l’énergie rapide, manger aussi.
Sans s’attarder plus que nécessaire, il faut profiter de chaque ravitaillement pour bien s’alimenter et être prêt pour l’étape suivante.
Pendant la course, je me suis dit plusieurs fois : « j’avance à un rythme soutenable, je fais attention à mon hydratation. Donc si pas de bobo, je dois aller au bout. » . Quelques chutes dans la boue ou sur les rochers de la « tête aux vent » m’ont bien provoqué quelques écorchures mais rien de grave. Les petits cailloux dans mes chaussures ont détruits mes chaussettes mais pas mes pieds (merci les 3 semaines de NOK).
Magnifique expérience que cette course. Difficile aussi. Des moments de bonheur mais aussi de la difficulté. En 20h on a le temps de se demander ce que l’on fait là. Heureusement qu’il y a les paysages, les autres concurrents, l’ambiance extraordinaire tout au long du parcours. C’est l’intensité des émotions que l’on rencontre dans une telle épreuve qui nous fait y participer.
C’est vrai également que les épreuves de l’UTMB font rêver et y participer est probablement une étape incontournable dans la vie d’un « trailer » .
Par contre multiplier ces expériences extrêmes : à voir, je ne suis pas très sur. Pour l’instant je vais revenir à plus court.