La TDS, par Silvain

La TDS, par Silvain Ducros

 

Je suis très content d’être arrivé au bout de cette course. 
En effet, début juillet, après avoir fait la reconnaissance du parcours, je doutais de mes capacités à la terminer. Le parcours n’est pas facile, gros dénivelé avec notamment une ascension de 2000m après Bourg Saint Maurice qui fait souvent de gros dégâts, sentiers très souvent techniques, passages difficiles. 
 
Je décidais finalement poursuivre ma préparation et j’avais de toute façon l’EDS Cenis Tour 73km début août pour valider mes capacités. L’EDF Cenis tour s’est très bien passé, en 10h57 avec un très bon finish. 34ème / 102 finishers
 
 
Fin août, lundi 28, nous voilà donc à Chamonix. La météo s’annonce assez bonne pour mercredi, pas trop chaude. La pluie ou des orages sont prévus mais isolés et plutôt en soirée. Mercredi, réveil à 2h45, à 4h dans le bus pour Courmayeur ou le départ sera donné à 6h. 6h, musique de Pirates des Caraïbes et départ. C’est parti avec 1817 autres coureurs pour 119km et 7200m D+ sur des chemins techniques. Connaissant bien le parcours et ayant pris connaissance de l’expérience de coureurs d’autres années, je pars doucement en milieu de peloton. La première montée jusqu’au Col Chercrouit se passe sur une piste assez large, j’y vais tranquillement . L’objectif est d’être en bonne forme à Bourg Saint Maurice (51ème km) . 
 
J’arrive au col (6,5km) en 1h17. Je suis 1073ème. Après le Col Chercrouit, le chemin se transforme en single et fréquemment des bouchons se forment nous obligeant à nous arrêter. Certains forcent le passage sur les cotés pour gagner quelques places. De mon coté j’en prend mon parti. Je profite des paysages qui émergent de la brume. Il ne fait pas froid, pas chaud, on est bien.
 
Arrivé sur l’Arête du Mont Favre, le paysage est magnifique, vue sur le Val Veny et le massif du Mont Blanc en face. Rapidement nous arrivons au Lac Combal avant d’entreprendre une première difficulté, le col Chavannes qui nous amène à environ 2600m. Nous avons fait 20km, je suis en 937ème position. J’ai gagné une centaine de place depuis le col Chercrouit. Mais je ne force pas, je reste dans le confort et ça me va bien.
 
En haut du col Chavanne, s’en suit une longue descente sur une piste qui à l’avantage de permettre au peloton de s’étirer. Nous remontons ensuite au col du Petit Saint Bernard. 
 
Je retrouve Jan Hayon sur le trajet, il reconnait le t-shirt du club et nos bavardons quelques minutes. Je me dis que rester avec lui serait un très bon moyen d’être assuré de finir mais finalement je le devance et poursuis ensuite à mon rythme. Je passe le col en 776ème position, après 6h15 de course pour 36km et 2500mD+ cumulé. Je suis surpris d’avancer aussi vite.
 
 
 
La descente vers Bourg Saint Maurice est assez agréable mais longue (15km), parfois roulante, parfois plus technique. La chaleur commence à augmenter, il fera 30° à Bourg Saint Maurice. L’arrêt ravito est un peu plus long à Bourg Saint Maurice, restauration salé, soupe, sucré et je repars au bout de 15minutes. Contrôle du sac à la sortie du ravitaillement et c’est parti pour la grosse difficulté de la journée, l’ascension vers le fort de la Plate 1200m plus haut, en 5km, aucun répit dans la pente, en pleine chaleur de l’après midi. 
 
A partir de là, on est dans la course, dans le dur.
Rapidement on commence à voir des coureurs arrêtés, couchés sur le bord du chemin voire qui redescendent vers Bourg Saint Maurice. Abandons. Je maintient un rythme constant, dans la foulée des coureurs qui me précédent. Certains me laissent passer, je finis la deuxième partie vers le Fort de la Plate avec une concurrente française qui avance bien et nous discutons de la course, du reste du parcours, … Parler un peu ça fait du bien . 
 
Je m’arrête quelques minutes au fort pour récupérer et recharger en eau et je poursuis l’ascension jusqu’au passeur de Pralognan . Nous aurons pris environ 2000m de dénivelé. Le passeur de Pralognan est atteint après une nouvelle montée assez difficile mais c’est la descente qui est redoutée. Une descente très raide dans les rochers. Heureusement elle est sécurisée par des cordes, des bénévoles et même des projecteurs pour la nuit. Cette descente est suivi par un parcours assez technique et se termine par 2km de piste jusqu’au Cormet de Roselend. Je suis alors 492ème. 12h51 de course.
 
Le Cormet de Roselend est au 65ème km, c’est la base de vie, le ravitaillement chaud. On dispose d’un sac d’allégement pour recharger ses réserves et éventuellement changer ses vêtements ou chaussures.
Je mange bien (ce sera la dernière fois), je reste presqu’une demi heure. Départ avant la nuit pour le col de la Sausse. C’est une ascension facile. On redescend ensuite sur des zones humides sur lesquelles ont été aménagés des passerelles pour éviter d’abimer la végétation puis c’est le passage du curé. Un passage taillé dans la roche quelques dizaines de mètres au dessus d’un torrent. C’est assez impressionnant, on a pas envie de glisser sur les rochers. 
 
 
 
 
 
Il commence à faire nuit, on allume les frontales. Premières pluie aussi, vent parfois fort, il faut s’habiller. 8km après Cormet de Roselend, c’est la Gitte, une ferme qui fait office de point de contrôle et de point d’eau sur la course. S’en suit une longue montée un peu ennuyeuse vers Entre Deux Nants et le Col Est de la Gitte puis un parcours technique alternant descente et montée sur des chemins truffés de pierres quand ce n’est pas de véritables pierriers. On arrive finalement au col du Joly au km 85. Arrivé là, on peut se dire qu’on va terminer. Je suis 417ème, il est 23h27. 17h25 de course. Je reste quelques minutes pour me restaurer, je prend une soupe, un coca . Et 30 secondes plus tard, je me précipite vers une poubelle pour tout vomir . Pas terrible tout ça. Je bois un peu d’eau, ça passe. Je recharge mes bouteille en eau et boisson énergétique et je décide de repartir jusqu’au Contamines. C’est une descente de 10km pas trop difficile. 1h30 prévu. Même si je ne peux plus manger, je devrais y arriver.
 
Effectivement ça se passe bien. J’arrive aux Contamines à 1h08, 381ème. J’ai encore gagné des places. 
Mauvaise expérience avec la soupe et le coca, je décide de prendre un thé sucré. Bis repetita, je rend tout très rapidement. Je vais voir le poste médical et le médecin me donne un cachet d’anti-vomitif puis me désigne un lit de camp. Il me demande de m’y coucher et me donne une couverture. 
Mince, je vais quand même pas arrêter là ! Au bout d’une dizaine de minute, je lui annonce que ça va mieux. Il me tend un verre d’eau que j’avale . Je ne vomit pas. En fait j’ai toujours pu boire de l’eau Il me tend un bout de pain. Je le mâche mais je n’arrive pas à avaler. Je ne peux toujours pas manger. Finalement, constatant que je peux quand même m’hydrater il me laisse partir. Je suis resté 30 minutes au ravitaillement.
 
 
Il ne reste que 24 km et une belle ascension mais tant pis, s’il faut aller lentement, j’irai lentement mais j’arriverai au bout. Je prend un bidon d’eau et un bidon de boisson énergétique pour alterner et c’est parti. Je repars prudemment mais décidé à finir la course. Je retrouve rapidement quelques coureurs dans la montée vers le Chalet du Truc, une montée facile mais malgré tout avec environ 700m de dénivelé, alternant piste et chemin dans les bois. 
 
Je croise de temps en temps des coureurs immobiles, épuisés. On voit leur frontale au loin. Certains bougent, d’autres non, certains repartent, d’autres attendent encore.  Ils savent que la dernière difficulté, l’ascension du col du Tricot ne va pas être facile. Finalement, je n’avance pas si mal que ça, je redouble des coureurs et j’arrive bientôt au pied du col du Tricot.  Ce col, c’est 2km, 600m de dénivelé. Une pente à 30% entièrement dégagée, on voit la progression de bas en haut. Ca donne un projecteur assez puissant très haut dans le ciel, une lampe de l’organisation qui gère le point de contrôle, et une guirlande de lumière qui semble être accrochée à ce projecteur. Pour ne rien arranger, le vent et la pluie redoublent. Je me dis que vu mon état, je vais mettre 2 heures. Je me met à la queue d’un petit groupe, on peut dire un train, et je suis ce groupe. On avance pas très vite mais on avance et je suis surpris de passer le 1er km en moins de 25minutes. 
 
Finalement je monterai le col en 48minutes, à peine 30 secondes de plus que lors de la reconnaissance. C’est que j’ai encore quelques réserves. Mon moral est au top, d’autant plus qu’il que ne reste que 19km avant l’arrivée. Et en fait j’ai encore gagné des places. Je suis 369ème.
 
S’en suit une descente un peu technique, quelques passages sur des rochers glissants, heureusement sécurisés par des cordes, la passerelle de Bionnassay, la remontée à Bellevue avant la descente aux Houches.  Je profite d’un point d’eau à Bellevue pour faire le plein étant décidé à ne pas m’arrêter du tout aux Houches. L’avantage de ne plus pouvoir manger, c’est que l’on passe moins de temps aux ravitaillements :-) Passage au point de contrôle des Houches à 5h51, il reste 8km . Il faudrait les faire en une heure pour finir sous les 25h. 8km/h . Ca semblant faisable sur une piste large de promenade entre Chamonix et les Houches. Difficile quand même de se relancer, c’est plutôt un faux plat montant (il y a 200m de dénivelé) mais je relance. Le jour commence à se lever et moment d’inattention, alors que j’avais toujours été très prudent, je tape une souche et je m’étale dans la terre du chemin. Pas trop de bobo, quelques petites écorchures à la main droite et aux genoux .
 
Finalement j’arrive sur Chamonix ou m’attendent ma famille, c’est l’arrivée dans les rues encore désertes mais le speaker est toujours là, il m’annonce comme si je venais de gagner la course. Je franchi la ligne, c’est fait. 24h53 de course.
 
Je vais pouvoir retirer la veste de finisher que je pourrais arborer le reste du temps sur Chamonix. 
Nous rentrons à l’hôtel, je prend un bon bain et vers 9h, petit déjeuner. Ca y est je peux manger de nouveau.
 
Finalement, je suis classé 335ème et 19ème V2. Il y avait 1818 partant, 1250 arrivants, 31% d’abandons alors que la météo était plutôt bonne. Pour moi, contrairement à mes craintes, elle s’est très bien passée. C’est une nouvelle expérience que cette course. Première fois au dessus de 24h sur une course et record de distance pour moi.
 
J’étais toujours positif car connaissant le parcours, j’acceptais les difficultés qui se présentaient pour les surmonter une par une en ayant toujours soin de me préserver pour la suite. J’étais parti aussi de manière très prudente . Sur ce genre de course, l’objectif est avant tout de terminer. Contrairement à d’autres fois, je n’ai jamais eu de baisse de moral sauf quand le médecin m’a demandé de m’allonger. Là j’ai eu un peu peur. Effectivement, une seule ombre au tableau, ce problème de nausée et d’alimentation qu’il faudra que je règle pour refaire ce type de course.
 
Je garde plein d’images de ce parcours. Des paysages magnifiques. J’ai pris quelques instants pendant la course pour vous ramener quelques images mais il y a aussi les encouragements de tous les spectateurs, l’ambiance dans les ravitaillements, le partage avec les autres coureurs (on ne peut pas dire concurrent, on ne l’est pas) et l’ambiance extraordinaire qui règne à Chamonix pendant l’UTMB. 
 

 

Une très belle course, à bien préparer mais qui en vaut la peine !!!
   
         
 
 
Foulée Royale - 9 Juin
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