Sur les sentiers du Bois de Boulogne

Par Delphine Romagny

 

                 8h25, dimanche matin, bip bip de l'intephone. “Salut Clém, tu veux monter?”.
 
Une voix exquisement féminine me répond “ouiii !”. Quelques dizaines de secondes plus tard, j'aperçois une paire de jambes poilues dans la cage d'escalier, et j'entends un grand éclat de rire, à la vue de ma moue toute déconcertée … La voix suave et féminine s'avère être celle de Stéphane. Voilà une blague qui sied parfaitement à la circonstance, puisque nous partons ce matin arpenter les sentiers du bois de Boulogne pour un mémorable 10 kilomètres.
 
                Quelques minutes plus tard, nous sommes rejoints par Sandrine, pas encore remise de ses légendaires exploits nantais, et qui nous accompagne en mode supporter. Nous rejoignons Clémentine en bas de mon immeuble. Pas de pilosité virile sur les gambettes, cette fois ci, c'est bien elle!
 
                Me voici partie pour de rocambolesques aventures dans le Bois de Boulogne, escortée de mes deux copines Sandrine et Clémentine, du Méchant Steph, ainsi surnommé en raison de la terrible méchanceté de ses taquineries, et de mon supporter favori, le Gentil Steph – surnom manquant singulièrement d'objectivité, j'en conviens, mais qui a pour indéniable intérêt de le différencier de l'autre Stéphane. 
               
               Après un périple automobile sans encombre jusqu'au lieu de nos futurs exploits, nous nous garons tout aussi aisément, nous congratulant mutuellement de notre bonne fortune, et partons le pas léger vers le départ que nous croyons tout proche … avant de faire piteusement demi-tour, car nous sommes partis dans la mauvaise direction! Nous avisons alors un monsieur, fort aimable, mais doté d'une notion des distances aussi désastreuse que notre sens de l'orientation. Il nous a indiqué le départ à 200 mètres : un kilomètre plus tard, nous rencontrons le panneau du 8ème kilomètre. Encore deux kilomètres à faire à pied ! Heureusement que ce n'est pas une course d'orientation, car tous nos rêves de performances exceptionnelles et de chronos battus seraient cruellement brisés avant même d'avoir pris le départ.
 
                Nous finissons par triompher de l'adversité et trouvons enfin le départ, où s'échauffent déjà les autres coureurs des Foulées de Saint Germain en Laye, tous prêts à en découdre avec le chronomètre. Quelques foulées d'échauffement dans les allées du Bois de Boulogne, quatre ou cinq lignes droites, et je me faufile dans mon sas en compagnie du Méchant Stéph. Nous y retrouvons Robin, que j'appelle malencontreusement Patrick – cher Robin, j'espère que tu n'en a pas pris ombrage, sache en tous cas tu a été cent fois vengé par les quolibets du Méchant-Qui-On-Sait, fort réjoui de cette belle occasion de se livrer à de nouvelles taquineries. 
 
               
                Mais, trève de plaisanterie, les choses sérieuses commencent. Le départ est donné, je m'élance telle une gazelle en direction de mon objectif du jour : battre mon temps du dimanche précédent à l'Ekiden de Pontault Combault (42 minutes 10) et passer si possible sous les 42 minutes. Dès les premiers kilomètres, je sens que j'ai la vitesse requise pour réussir. J'aperçois, pas très loin, le T-shirt rose de Christelle (très pratique pour donner un point de repère aux copines, merci Christelle!). Je sais que Clémentine, qui ne manque pas de jus, est encore un peu plus loin devant.
 
                Je ferai grâce au lecteur du récit fastidieux des kilomètres qui défilent, et des détails chronomètriques qui s'ensuivent. Mes deux co-équipières sont toujours devant moi : la distance entre nous se creuse un peu, mais ce n'est pas moi qui ralentis, ce sont elles qui accélèrent. Pas de coup au moral donc. Au contraire, tout semble bien aller pour les filles de Saint Germain en Laye, je me réjouis de la forme des copines.  
 
                Je goûte pleinement les joies indicibles de la course à pied, bien connues de tous nos lecteurs qui ont déjà expérimenté le Nirvana d'un chrono battu (presque) sans effort. Les encouragements de Sandrine et du Gentil Stéph me donnent des ailes. Merci à eux, c'est vraiment super d'avoir des supporters à plusieurs endroits du parcours. A chaque fois que je les vois, ça me redonne de l'énergie pour les kilomètres suivants. Le huitième kilomètre arrive, ma nirvanitude s'estompe peu à peu, mais j'accélère quand même, dopée par les encouragements enthousiastes de mes deux indéfectibles suporters-photographes (je les remercie encore ou c'est trop?). Je commence à franchement souffrir, je l'admets sans ambages, au neuvième kilomètre. Mais c'est de la joyeuse souffrance, qui m'entraîne peu à peu vers l'accomplissment de l'objectif tant espéré. Et ça y est, je franchis la ligne d'arrivée avec un temps officiel de 41 minutes 58 : record battu et objectif accompli.
 
                Sur la ligne d'arrivée, c'est le retour complet du Nirvana ! Les garçons ont tous l'air content de leurs chronos, trois podiums pour les filles des Foulées. Sous les yeux ébahis de la foule émerveillée, Stéphanie, la fille de Katia  gravit également les marches du podium, confirmant la présence d'ADN runnistique de qualité dans les gènes Fournichot. Clémentine, troisième féminine, épate tout le monde avec un super temps pour la deuxième course de sa prometteuse carrière. Quel talent ! Il va falloir que je m'accroche pour continuer à m'entraîner avec elle … Bravo aussi à  Christelle première vétérane, à nos deux championnes des longues distances : Katia 3ème vétérane, et Laurence qui finit largement sous la barre fatidique des 44 minutes (objectif atteint!), et à Aude qui réalise aussi un joli chrono, son meilleur de la saison. Pardonnez moi messieurs, j'ai fait la part belle aux filles, mais je m'incline également sans réserve devant vos exploits.
 
                L'odeur du rougaïl saucisse qui mijote doucement chez Aude ne parvient guère à améliorer notre sens de l'orientation. Nous manquons d'égarer le Méchant Stéph et Sébastien dans le Bois de Boulogne (mais que voulaient-il bien y faire, je vous le demande?). Après tant d'efforts, nous sommes accueillis chez Aude par Sébastien, Gaël, Aude et Pierre. Ce dernier, après avoir valeureusement affronté Gaël au tennis, nous réconforte de ses délices gastronomiques. Un grand merci donc au cuisinier, qui bien que n'ayant pas couru, n'a pas pour autant démérité, et à tous les amis, dont la bonne humeur a contribué à faire de cette matinée un si joli moment de course à pied et d'amitié.
 
Foulée Royale - 9 Juin
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