Belle Ile en Trail

Par Serge Le Du
 
 « Tu as vu ? Ils envisagent de créer un trail qui ferait le tour de Belle Ile !! Faire la première édition pour notre premier ultra : ça aurait de la gueule, non !! » .Ainsi est né dans l’esprit de quelques « Coureurs d’extrêmes » (mon club rennais jusqu’à Janvier 2010) le défi de courir l’Ultra des Vagues ou encore Belle Ile en Trail.
 
Mais c’est quoi cette course ??  84 Km sur les sentiers côtiers, + de 2000 mètres de dénivelés.
 
La fébrilité de l’inscription (faire vite il n’y aura que 300 places sur le 83 kilomètres) a laissé la place à l’inquiétude à mesure que le temps passait, à la suite des échanges avec des potes ultra Trailer (ça va être dur, c’est un parcours ultra cassant, plein de relances, etc..) et de la lecture des commentaires de Christophe MALARDE, Trailer émérite et parrain de l’épreuve (« Peu de course en France (pour ne pas dire aucune) se court aussi longtemps sur des sentiers côtiers aussi escarpés ») ; serais-je prêt pour cette course ??
 
Allez, prépare toi et forge toi le mental !!!……
 
La préparation m’a donné l’opportunité de longues sorties (exigeantes) avec les Trailers confirmés du club (Laurent, José, Jean Claude, Jean François, etc, j’en oublie…) sur des chemins du fond de leur poche, la forêt de Marly.
 
J-1 : Rendez-vous à l’embarcadère de Quiberon pour ce qui s’apparentait à un début de vacances ; le soleil était présent et s’annonçait pour le week end complet et surtout le vent avait décidé de ne pas se lever, élément important car en bord de mer et particulièrement sur une île, il peut vite devenir fort et agaçant, voire fort agaçant...
 
La soirée vite passée entre la récupération du dossard, la pasta partie et la préparation de sac (entre ce qui est obligatoire et nécessaire pour conserver le maximum de jus et de plaisir pour cette course) ; mais la tenue est depuis longtemps prête……le réveil est mis à 5 H 00, le départ de la course prévu lui pour 7 H 00 (de toute façon, on ne dort en général pas très bien les veilles de course).
 
Bonne nuit, beaucoup de sérénité et de certitudes : ce samedi 18 Septembre sera un bon jour !!
 
Enfin le départ de la course est donné : féérique avec ces fumigènes rouges, ces lucioles qui trottinent avec leur frontale !! Comme d’ordinaire, les premiers kilos sont jouissifs, tant d’efforts, de travail pour être présent, les échanges vont bon train avec les différents coureurs : on sent beaucoup de bonheur et d’envie. Petite promenade dans Le Palais et sa citadelle avant que de gagner le sentier côtier qui sera notre terrain de jeu pour la journée ; nous partons vers le levant : nous aurons en plus la chance d’assister à un fabuleux lever de soleil sur la mer !!

Très vite, on entre dans le vif du sujet sur un parcours conforme aux attentes (aux craintes ??) avec ses 5’ de montée, 2’30 de descente, 2’ de plat et ainsi de suite, sans oublier ses belles plages sur lesquelles les organisateurs ont aussi décidé de nous amener.

Les jambes sont bonnes, le souffle suit, les sensations se confirment et en tenant l’allure fixée que nous nous sommes (8/9 à l’heure) nous arrivons à 9 h 00 comme prévu au premier ravito à Locmaria au 17 Km : Pascal qui m’accompagne et qui est venu avec des douleurs au pied doit déjà refaire les pansements ; mais nous ne sommes pas là pour courir contre le temps mais plutôt pour vivre pleinement cette escapade , alors goutons à ce petit fromage de chèvre de Belle île : délicieux !!

Nous voilà repartis pour 21 Km qui vont nous amener à Bangor pour le deuxième ravito en empruntant toujours ces fabuleux chemins des douaniers qui montent et qui descendent, qui remontent et qui redescendent, etc
Nous profitons au passage au maximum de ces décors de rêve : mer translucide, petites criques qui nous tendent les bras pour un petit plongeon, mais non pas le temps (ce sera d’ailleurs le seul regret de ce Week end : ne pas avoir pu profiter de ces superbes petites plages pour y piquer une tête !!)
 
Après la fraîcheur matinale, succède une bonne chaleur : il est 12 H 00 lorsque nous arrivons pour une bonne pause ; nos supporters et trices nous y attendent ; de plus, nous avons une heure d’avance sur la barrière horaire : c’est loin d’être fini, on ne sait jamais comment vont se passer les prochaines heures, mais ça rassure.
 
Les genoux apprécieront ce ¼ d’heure de repos car les descentes sont assez raides et techniques et surtout elles se succèdent très régulièrement.
 
On mange, un tee shirt sec, de la crème Nok sur les pieds, le plein d’eau et le toujours présent fromage de chèvre de Belle Ile…..et c’est reparti : retour vers le bord de mer pour une étape de 20 nouvelles bornes jusqu’aux Grottes de l’Apothicairerie où nous attend seulement un point d’eau.

Le parcours est plus sage, le relief s’arrondit (il n’en reste pas moins beau : ah ces aiguilles de Port Coton !!) et les cuisses soufflent un peu de la succession d’ascensions qui commencent à marquer. Les genoux aussi ont souffert et l’alternance de course et de marche rapide (6.5 Km /heure quand même) permet de récupérer tout en gardant accessible l’objectif : la barrière horaire est 19 h 00 à Sauzon soit au Km 70.
 
Bien entendu, les participants sont très échelonnés, répartis sur cette île de 24 Km sur 8 Km ; nous continuons avec Pascal notre bonhomme de chemin profitant de chaque rencontre avec des îliens pour échanger : on n’est pas des sauvages tout de même !!!
 
L’apothicairerie en vue, (ah, cette longue rasade de Coca !!!), nos supporters au rendez vous pour nous prodiguer leurs encouragements tellement importants et Pascal qui recule le moment de partir car ses sensations ne sont pas extraordinaires ; pourtant la prochaine étape vers la pointe des poulains sera plus courte (12 km) et à l’arrivée à Sauzon au Km 70 après 10 h 30 de course, les miennes sont encore bonnes (on en vient à se dire que ça peut passer en moins de 12 heures), si tout va bien.

La halte est un peu longue à mon goût, mais nous sommes partis à 2 pour finir à 2 : nous finirons à 2 (je me rappelle de ce marathon de Vannes en Octobre 2009, où je me suis accroché à son porte bagage….).

Allez, vamos pour les 14 derniers kilos !! Pleins d’entrain et déjà de satisfaction : qui aurait dit qu’après 80% de la course j’aurais été aussi « frais » ??
 
Derniers kilos qui vont se révéler TRES difficiles ; bon, d’accord ils l’avaient annoncé ; bon d’accord on avait vu depuis ce matin que le chemin côtier monte et descend souvent dans des pentes très techniques, mais
sur ce dernier tronçon cela semblait plus, plus, oui plus tout : cassant dans les descentes, brutal dans les montées et …..non, non pas de portion de plat pour se refaire les cuisses !!
 
Alors bien sûr, et c’est classique on le lit dans nombre de compte rendu, on s’accroche aux évaluations « fantaisistes » des commissaires de course : il vous reste 2 grosses côtes et un peu moins de 8 kilos !! ils sont toujours en dessous de la vérité. Sans doute, par complaisance, pour nous faire plaisir, ne pas nous effrayer !!! le sentiment est louable, mais à ce moment de la course on ne souhaite que connaître PRECISEMENT le relief, la distance et non pas des approximations !!!…….
 
Voilà vous l’avez compris, les derniers 5 kilo m’ont paru longs et difficiles…….
 
Enfin la citadelle pointe ses créneaux et l’espoir d’enfin en finir (ce qui ne nous empêchera pas de continuer notre album photos commun et nous prenant à l’entrée de celle-ci…plaisir quand tu nous tiens….) ; espoir vite déçu lorsque la rubalise nous amène à contourner le port et à nous « balader » (arrivé là, on s’en serait bien passé) dans la ville du Palais pour finir la longue ligne droite de l’arrivée sous les applaudissements des spectateurs présents, dont nos propres supporters au premier rang desquels Rozen, ma petite femme compagnon de tous les jours et de ce beau jour du mois de Septembre : elle aura bien mérité son bisous avant de franchir la ligne !!.
 
Ca y est, on l’a fait, l’émotion est présente, la satisfaction du boulot bien accompli, du plaisir d’avoir vécu cette fabuleuse journée sous le soleil (n’en déplaise aux détracteurs de la Bretagne !!), tout en ayant partagé des moments de réelle complicité et convivialité avec les îliens (je ne remercie jamais assez tous ces bénévoles présents sur ces courses, sans qui elles n’existeraient pas) et Pascal ; d’ailleurs, je terminerai par ses paroles :
« Non, le temps n’est pas long quand on est bien accompagné… »
 
Quand est-ce qu’on recommence !!!……..
 
 
Foulée Royale - 9 Juin
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