L'Ardéchois, par Pascale D

Trail de l’Ardéchois : Ma barrière horaire, par Pascale Desanois

 

Un trail de l’Ardéchois qui commence au détour d’une conversation (eh oui je sais c’est souvent comme ça !) et qui se confirme dans un échange de mails. Voilà début janvier c’est plié le trail de l’Ardéchois sera au programme pour notre groupe : Pascale Ebner, Muriel Molinier, Nadia Kessous, Philippe et moi.

Trop de boulot qui donne une prépa un peu chaotique et 2 courses intermédiaires, le Trail de Villes Royales (partie2) et le trail d’Auffargis, confirment que le manque de foncier est là. Plus le temps de placer suffisamment de sorties longues dignes de ce nom, et nous nous retrouvons – déjà – vendredi matin pour le départ vers Desaignes. Malheureusement Nadia blessée lors d’Auffargis ne nous accompagnera pas, mais ses sms d’encouragements font bien plaisir. Comme d’habitude ambiance joyeuse dans la voiture et bla bla bla et bla bla bla …. Bref presque la routine quoi J. Une belle journée pour faire la route, et une arrivée tranquille pour récupérer les dossards, s’installer et …. aller manger les pâtes. Ben oui, les fameuses pâtes : c’est peut-être le secret d’une course réussie mais ce n’est pas gage de vitesse du moins pour moi !

Petit déjeuner à 6h30 samedi matin, coup d’œil à la météo qui semble agréable. Au moins nous ne partirons pas sous la pluie. C’est vrai que la prévision météo a fait du yoyo toute la semaine entre orage, pluie, pluie éparse et soleil. Nous nous sommes essayé à la danse du soleil une partie de la semaine, nous verrons bien si nous avons été efficaces ;)

La ligne de départ, quelques photos et hop nous voilà partis. Je pars mais je ne suis pas très sereine, j’ai découvert le jeudi qu’il y avait une barrière horaire au KM10. 2h pour parcourir les 10km et avaler les 900m D+ et 200m D-, je crains d’être très juste. Il n’y a que moi qui m’inquiète, tout le monde est convaincu que je n’aurai aucun souci. Je crois bien que je leur ai pourri la soirée avec ma barrière horaire (vous comprenez maintenant pourquoi le titre).

Je cours, enfin je trottine, je marche et je recours des que la pente le permet. KM6 enfin la 1ere partie de montée est finie et nous entamons 1km de descente à près de15%. Petit coup d’œil à la montre 56’ de course yes ! je suis dans les temps. Dans cette descente, je me fais plaisir et je me lâche à …. 9km/h (non non on ne rigole pas J). Je ne suis pas sure d’être très esthétique dans ma course, je dois ressembler à une girouette avec mes bras écartés et mes grands moulinets (enfin avec mes longueurs de bras pas si grands que ça finalement) pour garder l’équilibre. Bref, ce doit être quand même efficace, j’arrive au KM7 en 1 seul morceau, ravie d’avoir dépassé quelques personnes et heureuse. Seconde partie de la montée 425m D+ en 3km. J’appuie bien sur les cuisses comme nous l’a expliqué Philippe M et j’avance. KM10 petit coup d’œil à la montre : 1h45, je regarde une 2de fois ma montre, je vais même jusqu’à vérifier qu’elle ne s’est pas arrêtée ! non tout fonctionne

Je me relâche, je me paye même le luxe de faire une escale technique. Pensez bien avec toutes ces minutes d’avance sur ma feuille de route, je peux me le permettre !

Les 4km suivants sont en descente, tout va bien. Je vois un coureur dont je reconnais l’allure : tiens mon petit mari. Comment ai-je fait pour le rattraper ? je vois rapidement qu’il ne va pas bien fort. J’arrive à sa hauteur, il est blanc, il a mal. Sa cheville et son tendon d’achille se sont réveillés et il ne peut plus courir sans avoir mal. C’est fini pour lui. LIl me dit de continuer, il va abandonner. Je suis triste pour lui mais il me reste ma course. Je finirai pour nous 2 ! warrior J

KM16 la descente se durcit, plus possible pour moi de trottiner nous sommes sur une pente à +de 15%.

KM 17 on arrive à la citadelle les vestiges de Rochebonne,  c’est magnifique :

        

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Là une grosse surprise Muriel et Catherine L qui ne courent pas, sont là pour encourager. Cela fait un bien fou. Je m’arrête pour échanger quelques mots et les prévenir que Philippe arrête, et je repars requinquée à donf … merci les filles.

Le ciel commence à se couvrir. 15minutes plus tard la pluie fait son apparition, et la T° baisse. Je rattrape 3 coureuses. C’est une mono trace, je ne peux pas doubler et le terrain est accidenté. Un petit plat puis nous entamons une descente plus douce, le chemin s’élargit, je double. Tiens des randonneurs qui viennent vers nous ! Eh bien non, ce sont des coureurs qui rebroussent chemin : il n’y a plus de balisage, nous nous sommes tous trompés, il faut remonter jusqu’à la dernière balise LNous sommes au KM20 et nous ne savons pas depuis combien de temps nous nous sommes plantés. Là le moral en prend un sérieux coup, et en plus il faut remonter ce que nous avons descendu, comme si il n’y avait pas assez de dénivelé ! Heureusement, nous ne ferons que 500m avant de retrouver le chemin. C’est un moindre mal mais cela fait 1km de plus et 10minutes de plus aussi !!! Envolés les espoirs de 6h … snif

Il faut voir le bon côté des choses, cela met une douzaine de coureurs à ma portée, et si je m’accroche je pourrai les garder derrière … allez on positive J. Maintenant il pleut bien, et j’ai froid. J’attends le ravito avec impatience pour pouvoir remettre mon coupe-vent. Il tarde ce ravito et ça remonte sec. Je suis fatiguée, je ne suis pas bien, j’ai froid, je sens les cuisses qui se durcissent et j’ai le moral en berne. J’entends des cris, des « allez Pascale » tonitruants, Philippe, Muriel et Catherine sont là pour m’encourager, me soutenir. C’est le KM23 enfin le ravito. Ils prennent de mes nouvelles, je leur cache que je suis fatiguée et que je ne sais pas si je vais pouvoir continuer. Je prends mon temps au ravito. Il reste 13km avec encore 5kms de montée, à ce stade de la course je ne sais pas si je vais pouvoir trouver l’énergie nécessaire pour continuer. Je n’ai pas pris les bâtons et ça tire sur les jambes dans les montées. Qu’est-ce que je regrette mes bâtonsL. Le fan club a l’air frigorifié, eux aussi ont froid et je me dis que je ne peux pas abandonner, les filles ont fait l’effort de se lever à 6h du mat, elles se dépêchent pour être aux différents points pour nous encourager, et Philippe qui n’a pas l’air bien est aussi venu pour sa petite femme. NON …. Je ne craquerai pas, je continuerai ! Je mets mon coupe-vent, je passe le point de contrôle et je repars en trottinant.

Nouvelle montée, je marche d’un pas vif, il fait froid mais il ne faut pas baisser le rythme. KM 29 la pente s’adoucit fortement, et je vois les éoliennes, une dernière petite montée puis ce sera la descente vers Desaignes.

KM30 on amorce la descente tout en douceur au début. Il fait de plus en plus froid, quelques flocons volètent : tiens il y a des cerisiers en fleur dans le coin. Ben non pourtant, je ne vois pas de cerisiers mais il y a de + en + de flocons. Il me faudra quelques minutes avant de réaliser que ce sont bel et bien des flocons …. de neige !!! Rapidement les flocons se transforment en pluie. J’ai froid, mes mains sont gelées et mes jambes commencent à se durcir, je ne suis pas en pantalon long mais en ¾ et je n’ai qu’un tee-shirt sous mon coupe-vent. Je sors mes gants, mais j’ai les mains gelées et j’ai beaucoup de mal à les enfiler. Je marche en tentant de mettre les gants et je m’aide avec les dents, il me faudra bien 5mn pour arriver à les enfiler ! Je repars en trottinant, un petit coup d’œil à la montre et je constate que finalement les 6h sont à ma portée.

KM33 plus que 4 km, bon sang je ne suis jamais allée aussi loin en trail. Les jambes sont dures même sur le plat je commence à ne plus pouvoir trottiner. Je suis avec 2 jeunes coureuses, je leur colle aux baskets et des qu’elles s’éloignent je recolle ; elles sont ma bouée de sauvetage, mon phare J. KM34 énorme frayeur. Avec la fatigue, je ne lève plus assez les jambes  et je me prends le pied droit dans une racine. J’évite in extremis une chute, en me rattrapant je ne sais comment mais grosse douleur derrière la jambe. Je fais un pas puis 2 et repars. Plus de peur que de mal ouf ! J’accélère pour recoller au train de mes petites coureuses.

Nous arrivons au-dessus du village, il reste une grande prairie toute en pente à traverser, rendue bien glissante avec la pluie. Je fais attention, ce serait rageant à ce stade de la course. Un petit cours d’eau, j’essaye de passer sur les pierres, mais mes jambes ne répondent plus très bien et plouf …. les 2 pieds dans l’eau. C’est très froid. Un bénévole me rassure, l’arrivée n’est plus bien loin un gros km.

J’arrive sur la route, Philippe et Muriel sont là. Je ne les attendais pas ici mais c’est bien ils me voient arriver en courant : l’honneur est sauf ;) Muriel me glisse « si tu ne t’arrêtes pas, tu peux me battre » Elle savait que ça me motiverait. L’arche est enfin là, je la passe avec une extrême satisfaction je suis FINISHER.

Je ne suis que 418 ème sur 450 MAIS malgré une prépa douteuse, le froid et la pluie je suis là debout en FINISHER.

Chrono : 6h04 temps officiel et 6h02  temps réel pour 37km au lieu de 36. Je les ai mes 6h J !

Un grand merci à Muriel et à Catherine, vous avez bravé le froid et la pluie pour nous soutenir et nous motiver. Sans vos encouragements, je ne serais peut-être pas repartie au ravito. Encore merci.