Championnats du monde master Piste 2018 à Malaga, par Gilbert

Championnats du Monde Masters, par Gilbert Burtel

5000m - Catégorie M80 - Médaillé de Bronze

 

 

Après mes 2 titres aux championnats de France à Angers, l'idée m'est venue de me confronter  avec les athlètes étrangers ! 2 opportunités se présentaient : Les championnats d' Europe à Madrid, formule vite abandonnée, car très grosses difficultés d'organisation, trop grosse métropole, site loin de l'aéroport, pas d'hôtel à proximité, pas de moyens de transport adaptés. j'ai donc opté pour le cran supérieur ! les Championnats du Monde à Malaga sur le 5000 m. Malaga est beaucoup plus convivial, avec le stade, l'hôtel et l'aéroport groupés et des moyens de transport très faciles et puis ce n'est pas demain  que je trouverais un site aussi proche  (1 h 45 de Marseille-je réside actuellement dans le Var), après le Brésil, l'Australie, la Corée,  l'année prochaine Toronto puis sans doute la Malaisie ? après je serais trop vieux !

Nous étions 23 athlètes, la plupart champions de leurs pays respectifs (certains ont participé aux jeux olympiques en leur temps ex: l'australien Morland Smith) représentant les 5 Continents- Australie, Cameroun, Japon, Inde (1 coureur pieds nus ?), USA, Mexique, Argentine, Colombie,  Chili et bien sûr l' Europe.

Départ à 10 h 30, il fait déjà très chaud 27° , sans doute > à 30° sur la piste en plein soleil (ressenti étouffant). Plusieurs candidats ont déjà jeté l'éponge, il étaient aussi inscrits dans d'autres épreuves (steeple, 800 m, 1500 m et on laissé de la ''moelle'') ! Séjour très long (30') dans la chambre d'appel, moment stressant, j'ai toujours été persuadé d'être très sensible à la chaleur, les faits vont me donner tort, j'ai amélioré mon record alors que la plupart de mes adversaires ont été en deçà ? Entrée dans l'arène et classique procession vers la ligne de départ. Là, les organisateurs découvrent que la course des femmes de 40 ans n'est pas finie et que certaines de ces dames prennent leur temps, évacuation et attente un petit 1/4 d'heure en plein cagnard. Enfin c'est parti, tout de suite un Danois prend les commandes, et prend 50 m d'avance, sale coup pour le moral, je sais que son temps de référence est inférieur au mien de 30'' (dans ce genre d'épreuve il faut se rencarder sur la concurrence pour mettre tous les atouts dans sa poche? Ca se décante et je constate que je pointe en 6° position, je suis dans le ''top 10'' (les finalistes ), ça me regaillardi. 2 tours et le Danois ''explose'' et glisse vers l'arrière, je suis dans le ''top 5''. 4° tour, je suis dans la foulée de l'allemand Wittig - champion d Europe en titre et 3° des mondiaux de cross- une belle pointure, arrivé dans le virage il pousse un juron et s'écarte sur la pelouse, exit le champion je suis 4°. 5° tour l' espagnol Barrientos subit le même sort, décharge  d'adrélanine dans le cerveau, je réalise que je suis en position de ''médaillable'', un truc impensable au départ, il va falloir gérer ce capital, je suis synchronisé avec le mexicain Diaz Mendez (un sacré filou qui s'est s'est référencé d'un record personnel à 31' alors qu'il est 2° des mondiaux de cross) qui me précède de 10 m. Je me sens bien, le chrono de chaque passage me montre que je tourne régulièrement et même que je suis dans les temps du record de France, un 2° objectif à gérer maintenant que le ''ménage est fait'' derrière. Après coup, je pense que j'ai manqué de culot pour lancer une attaque au vice-champion 6'' devant  moi, mais j'étais tellement content de mon sort,je n'ai pas voulu prendre le risque d'une défaillance.

Notre ami JL Esnault de St Quentin en Yvelines dont on connait le niveau et le palmarès n'a pas  pu accéder au podium chez les 75 ans ?

Quelques remarques; j'ai pu constater la différence de structuration entre la France et beaucoup d'autres pays. La Grande-Bretagne et l 'Italie avaient un stand sur place. La délégation finlandaise au moins 50 personnes était logée dans le même Hôtel que moi, avec un car à disposition pour accéder aux sites, et alterner des visites touristiques. Chaque pays dispose d'un panneau d'affichage avec une masse de renseignements et de photos. Celui de la France rien, un seul message pour réclamer un 4° relayeur défaillant et c'est tout.

J'ai toujours été seul et il s'en ai failli d'un poil que je soit disqualifié ? car c'est en errant dans les couloirs que j'ai découvert par hasard une affichette (en anglais) précisant que l'accréditation (retrait des dossards et du dossier d'accueil) ne suffisaient pas, mais qu'il fallait en outre confirmer sa participation à l'événement avant la veille au soir.

Solitude encore plus grande sur le podium submergé par les colonies portugaises et mexicaines (ce n'est pourtant pas la porte à côté ?). Même si je n'apprécie pas  trop cette forme d'exhibition (mais ça se fait !), je suis le seul à ne pas avoir fait le tour d'honneur drapé du drapeau tricolore, et pas un représentant de la FFA pour me remettre la médaille ?

Allez,  une dernière curiosité, le podium avant moi concernait le triple-saut de la catégorie > 100 ans. C'est une des disciplines les plus difficiles qui exige, vitesse, détente, précision, même s'il ne lui suffisait que de réussir un essai, il fallait voir cet italien chanter (lui aussi avec toute la colonie) l'hymne italien à plein poumon (voir photo).

Voilà, le vieux arrête son radotage, je pense avoir apporté mon modeste écot au clan français qui se classe actuellement au 9° rang avec 73 médailles loin derrière l' Espagne, l' Allemagne, la Grande Bretagne et les USA. c'est aussi un grand moment d'émotion qui compte dans une existence.