Ironman de Vichy

Par Sylvain Ruyer

 

Il y un an, je me lançais en Solo dans l’aventure du triathlon en format half (1.9km en nat, 90 en vélo et un semi), j’en ai tiré de nouveaux enseignements sur la façon de m’entrainer.

L’année dernière, j’avais fait les gros achats (vélo, combinaison), cette année, je me limite à un prolongateur et des chaussures de vélo plus légères (mais je n’arrive pas à en trouver une paire confortable et je me sens serré dès que je roule)

 

la pré-préparation.

Je coupe la saison en deux :

  • La première est dédiée à la course à pied du mois d’octobre au mois d’avril. Je décide cette année de m’entrainer moins dur et de partir moins vite pour terminer mieux pendant les courses, ça paie, je bats tous mes records.
  • La seconde : à partir du mois de mai où la météo est clémente, faire du vélo et de la natation.

 

la préparation.

Olivier, de la boutique du marathon et Fréderic Ferrer, tous deux finisher d’Ironman me donnent des conseils sur les entrainements.

Ma femme fait évidemment partie de l’aventure puisque les matinées des WE vont être entièrement consacrées à l’entrainement et je ne serai pas disponible, elle me fait passer de la catégorie Malade à grand Malade J

Pan !,je commence les entrainements 10 jours après le marathon de Nantes, je sens immédiatement un coup de fatigue, je prends un quart de comprimé de vitamine C, ça va beaucoup mieux

  • Mardi et jeudi matin, à 7h45 je nage le crawl avec le pull boy pendant 45 minutes, je prends trois leçons particulières, j’apprends à être plus économique pour les bras, je nage plus longtemps sans m’épuiser.

  • Mardi et jeudi soit, je continue à m’entrainer au club mais je ne force jamais.

  • Le samedi matin, je fais des sorties vélo de 2 à 3h dès 7h  et j’essaye tant que possible de rajouter de la course à pied en transition.

  • Le dimanche matin, je fais des sorties vélo de 4 à 5h, je rencontre un groupe très sympa qui m’accepte immédiatement (un membre du groupe connaît très bien notre grand cycliste du club au doux nom de Dominique Dujardin). Je note lors de mes sorties longues que j’arrive à bien suivre des cyclistes mais mon ventre n’arrive pas à assimiler la boisson et la nourriture, je suis ballonné et je ne peux pas courir après. Je sais que c’est ça qu’il faut que je travaille, j’essaye tout (boire, moins boire, manger salé ou sucré) et rien ne va.

 

Je connais pendant ma préparation de 4 mois, 3 événements marquants :

  • J’ai une hernie à l’aisne et dès que je fais un effort violent, la douleur me rappelle à l’ordre. En vélo et natation, où l’effort est constant, ça va, en course à pied, ça tire un peu. Je décide de me faire opérer qu’après l’Ironman
  • Mes deux copains qui m’ont donné des conseils et qui ont une très bonne expérience abandonnent tous les deux lors de leurs épreuves, la météo étant cette année très défavorables (canicule et beaucoup de vent sur le vélo), j’en prends un gros coup au moral.
  • Ma mère décède mi juillet et cela me bouleverse.

 

L’épreuve

Samedi matin, j’arrive à Vichy pour retirer mon dossard, il fait une chaleur de 34°, Guylaine Simon termine avec brio son premier Half en temps extraterrestre de presque 6h.

On s’appelle dans la soirée, je la félicite et elle me parle de sa course avec beaucoup de vent sur le vélo et un semi marathon abominable avec une chaleur accablante.

Je refais tous mes calculs : je vise 1h30 en nat, 6h30 en vélo et 4h30 au marathon + les transitions, mais je n’ai qu’un seul objectif : être finisher.

 

7h20 : départ en natation, beaucoup moins de bousculade que l’année dernière (5 vagues au lieu de 2). Je reçois quand même beaucoup de coup et bois plusieurs fois la tasse. A 500m de l’arrivée, je suis pris de douleur au ventre, j’ai envie de vomir, j’espère ne pas avoir chopé de bactérie dans l’eau. Mais ça passe, je sors en 1h25 un peu en avance, je prends mon temps pour enfiler mes affaires.

 

La première des 2 boucles se passe bien (29km/h), je me freine en permanence pour laisser des forces pour la suite, je prends à chaque ravito (tous les 25km) un bidon d’eau et un autre de coca mais j’essaye de ne pas trop boire pour ne pas être ballonné. A midi, la température a déjà beaucoup augmenté, il fait plus de trente, les bidons que l’on nous donne sont déjà tièdes au bout de 5km mais surtout j’ai des douleurs affreuses aux pieds avec la chaleur qui les a fait gonfler et mes chaussures trop petites.

 

Je décide de passer par la case infirmerie et  devant la douleur je pense abandonner. Je m’allonge pendant vingt minutes, lève et m’arrose les jambes. Ca va un peu mieux, je reprends doucement, la fin du vélo est, pour faire court, une horreur absolue avec les douleurs, les relances et le vent.

 

 

J’arrive à la dernière transition pour enfiler les affaires de course à pied, je me masse, je m’allonge et épuisé je fais une micro sieste de 20min, on vient me réveiller pensant que j’ai fait un malaise.

Je repars en marchant, le premier ravito est dans 1km, je bois, mange des oranges et on m’arrose avec les douchettes. Je décide de faire tout le marathon en marchant. Je fais un rapide calcul en marchant à 5-6km/h, il me faudra 7 heures et serai disqualifié aux barrières horaires. En rassemblant mes ultimes ressources, je retrouve la force de reprendre au 5ème, certes une foulée de 8km/h mais plus rapide que de la marche. Une organisation nickel, des ravitos tous les 2.5 km où je m’arrose intégralement à chaque fois et surtout un public exceptionnel.

Il y a un nombre incalculable d’athlètes allongés qui sont au bord de l’évanouissement. Pour ma part, je note plusieurs problèmes : Fortes douleurs sous les pieds, irritations au niveau du frottement des cuisses et une infection urinaire, mais j’arrive à avancer, 4 boucles à faire et à chaque fois un bracelet.

 

1, 2, 3… 4 bracelets, je suis sur la ligne d’arrivée au bout de 14h22. A chaque Fisnisher, le speaker hurle dans le micro, le prénom, le nom et YOU ARE ANNNNN IRONMANNNN, ça fait frissonner.

 

 

A ma Maman partie à la fin de la préparation qui m’a poussé à chaque fois que j’ai voulu abandonner, merci pour toute l’énergie que tu m’as envoyée aujourd’hui.