Marathon de Plaisir, Marathon de Douleur 

Par Olivier Donval
 
 
Une aventure de plus, une
Ce besoin de se prouver que l’on est vivant
Marathon de plaisir, marathon de douleur
42km 195
Magique de descendre les Champs Elysées, tout seul pour moi (enfin presque)
Le plaisir de voir la fluidité et l'amplitude du geste de ces athlètes africains
Qui te doublent au bout de 4 kilomètres, alors que je suis parti dix minutes avant eux
La beauté de cette ville qu’est Paris, sous cette lumière
Le public si présent dans la ville, mais si absent dans les bois
Cette alternance d’omniprésence et de solitude est hallucinante
Le chronomètre qui tourne, rivé sur l’objectif des 3H30
Tout est parfait, tout est magique
La musique dans les rues est festive avec le batucada des tambours brésiliens et le son dance floor des DJs
Le tunnel sous la concorde, pendant cinq minutes dans le noir, avec juste le bruit de gens qui se sont lancés dans un même défi
Me fait pousser des ailes
Je me sens bien, en avance sur notre temps de passage
Je vais tout déchirer, je vais me surprendre, je vais surprendre tout le monde
Mon coéquipier tente de me calmer, mais je ne suis plus lucide, en transe
C’est trop facile
Je vole

 
 
Puis
Il y a le mur
Vers le km 35
Ou je peux plus
Je ralentis mais je ne peux pas relancer
Les kilomètres deviennent brutalement très longs
Au lieu de mettre 5min le kilomètre je le parcours en 8 ou 9
Mais dans ta tête cela représente des heures
La notion du temps est complètement perturbée
Je perds tout, ma confiance, mon plaisir, mon objectif sportif
Je (re-)deviens moins que rien, vulnérable, lamentable
Les nerfs sont à vifs, je ressens maintenant la douleur
L’ambiance musical de la rue est jazzy ou world music
Elle t’accompagne de façon artistique dans ta dépression
 
 
 
Dominique me traîne
Il avait raison, et je ne l’ai pas écouté
Sans lui, je n’aurai pu faire ce défi
Et je ne l’ai pas écouté
Petit con que je suis
Mais faut bien que je vive pour moi
Aller ! Il ne reste plus qu’un kilomètre
Faut se ressaisir, ne pas finir en marchant
Garder sa fierté, finir en beauté, sauver les apparences
Même si je sais que c’est le marathon qui a été plus fort que moi
Je n’ai pas cédé , mais j’ai bien plié
Marathon de plaisir, marathon de douleur
A charge de revanche…
 
 
Foulée Royale - 9 Juin
Bannière
Bannière
Mécène - Art Dan
Bannière