La Saintélyon, par Muriel

Cette SaintéLyon 2013, on y a pensé pendant trois mois, on l’a vécue à l’entraînement les mardis, jeudis, samedis, dimanche, on l’a répétée sur les chemins de trail des Yvelines, elle a été rendue possible grâce au super esprit d’équipe de notre ‘Sainté Team’, à l’énorme solidarité entre nous tous et à l’émulation qui nous a tous poussé à donner le meilleur de nous et à nous surpasser.
 
Que dire de la course ? quand on la décrit : courir 75km en décembre entre Saint-Etienne et Lyon, départ minuit, dans la nuit, dans le froid, la neige, le vent, avec cette année un invité de marque pour la 60è édition : le verglas, c’est l’asile de fous direct !
Mais nous étions une belle bande d’allumés, alors relever le défi, pourquoi pas ?
 
Notre voyage en groupe a pris des allures de colonie de vacances, arrivée à Lyon en voiture ou en TGV, retrait des dossards, rappel des troupes et photo de groupe, puis navette en bus jusqu’à Saint-Etienne, l’ambiance est légère, installation dans le gymnase, sorte de hall pour réfugiés avec lits en carton pour les plus chanceux que nous sommes, Pasta Party aux allures de resto du cœur, nous rentrons peu à peu dans l’ambiance d’avant-course, préparatifs fébriles de tout le matériel et des vêtements, ne rien oublier, essayer de se reposer un peu ; déjà 23h, l’animateur nous dit qu’il faut penser à s’échauffer ! la belle affaire, nous partirons en procession vers la ligne de départ à l’heure dite, il fait bien froid dehors (-5°) à Saint-Etienne, ça va pincer là-haut …
 
Départ groupé des plus raisonnables, nous laissons Les Stéphane et Sylvain devant avec le fumigène pour le souvenir !, très grosse émotion au départ, que de monde … nous donnons l’allure avec Marlène sur les premiers km bien roulants dans Saint-Etienne, mais elle se détache vite dans la première belle montée pour rejoindre et finalement dépasser Stéphane (F) à l’arrivée ; je me sens bien, j’y suis enfin, c’est magique, les encouragements, le flot des coureurs, les serpents de lumières, les villages éclairés et les illuminations de Noël … 
 
Il devient très difficile de se repérer entre nous, malgré notre petit clignotant rouge lumineux accroché à notre sac à dos, nous nous perdons de vue pour nous retrouver après quelques kilomètres, nous sommes tellement nombreux sur les chemins.
 
Première difficulté, la neige tassée et dure, et avec elle les premières plaques de verglas, il faut être très concentré pour bien négocier les passages délicats, les chutes arrivent, sans gravité mais avec leur lot de bosses et de bleus (c’est pas beau à voir), elles apportent une tension supplémentaire et m’obligent à ralentir, je sais qu’une chute sur ma hanche déjà bien fatiguée aurait des conséquences désastreuses … 
 
Je retrouve Jean-Mi, Pascale, Michel et Pierre Yves, nous faisons un petit bout de route ensemble mais je les perds de vue, je continue seule les pensant tous devant …
 
1er ravito, c’est surpeuplé, pas de SaintéTeam en vue, je repars vite, seule mais tant pis, il faut avancer et ça va encore bien !
les km défilent et avec eux les difficultés du verglas, caché par les feuilles ou par un peu de poudreuse, un mauvais pas et c’est la chute assurée, je tombe deux fois sur la hanche et une fois sur le genou et après le 20è km, ma douleur à la hanche se réveille dans une belle descente, là, il va falloir gérer, pas simple, il reste encore beaucoup de chemin.
 
Je me motive comme je peux, mais c’est dur, il fait froid, le vent s’est levé, et j’envisage sérieusement l’arrêt à Sainte-Catherine, 30è km, pour ne pas risquer une blessure trop grave. Arrivée à ce 2è ravito, toujours aucune tête connue, le hall du ravito est surpeuplé, cependant la douleur étant stable et gérable, je décide d’aller un peu plus loin, en alternant marche et course, ça peut le faire … 
 
A la sortie du ravito, il est plus de 4h du matin, le froid est intense, une belle montée va nous réchauffer, ça devient dur, certains coureurs commencent à tituber, ils doivent s’endormir en marchant …
 
Je retrouve Jean-Mi à Saint-André la Côte, il est très fatigué, de revoir une tête connue ça me remonte le moral, on discute un peu et là, nouvelle surprise, Pierre-Yves nous rejoint (alors que je le croyais depuis le début devant moi, il a fait un long arrêt à Sainte Catherine pour se changer) et bientôt Claire, en pleine forme qui a perdu Hugo au 1er ravito et ne s’en remet pas …
 
De se retrouver à quatre, ça fait un bien fou au moral, nous sommes reboostés et nous poursuivons notre route, le jour commence à se lever et nous bénéficions d’un lever de soleil splendide, enfin la lumière du jour, nous pouvons éteindre nos lampes.
Jean-Mi accuse le coup, il est derrière nous, Claire est au top et prend le large, avec Pierre-Yves nous décidons de faire une longue pause au ravito du 55è km pour nous reposer et reprendre des forces, une soupe de légumes à 8h du mat’, ça c’est du petit déj (hommage à Francky !)
 
Malheur, après cet arrêt, ma jambe ne répond plus, et je peux à peine marcher, j’entrevois à nouveau l’abandon, cette fois c’est la bonne, je ne pourrai jamais faire les 20 derniers km sur les mains, d’un autre côté, laisser Pierre-Yves finir tout seul je ne le conçois pas non plus … 
 
Je décide de continuer coûte que coûte, nous serons les derniers, mais nous arriverons à Saint-Etienne, après tout la barrière horaire est encore très loin et à l’origine cette course c’était de la marche…
 
20 km en marchant, pour des coureurs, c’est impensable, mais nous l’avons fait, et en quatre heures s’il vous plait, nouveau record pour moi ! avec alternance de séances d’étirement de la hanche, de quelques foulées trottinées et de beaucoup de marche, beaucoup trop, c’est d’un frustrant … nous sympathisons avec des coureurs dans le même état que nous, et les km passent malgré tout, nous gardons le moral même si les douleurs s’intensifient, le peloton, on dirait une armée en déroute …
 
Nouveau coup de moins bien, cette fois c’est Pierre-Yves qui titube à l’entrée du dernier ravito ou je venais de retrouver Jean-Mi, nous le ravitaillons en saucisson et fromage, ne l’oublions pas Jean-Mi est le spécialiste culinaire du groupe, et nous voilà repartis tous les trois, je commence à angoisser sur l’horaire du train de retour, finalement 14h c’était peut être un peu tôt … il est déjà plus de 11h et nous avons encore 7km avec une belle côte à monter et 200 marches à descendre, j’aimerai bien si possible pouvoir prendre une douche avant de monter dans le TGV !
 
Nous gardons le cap sur les derniers kilomètres et nous avons une marche finalement assez efficace, on se prend même à courir sur les derniers 300m du parcours, quelle folie !!, photo finish, entrée dans le stade et passage sous l’arche, quelle grande et belle émotion de l’avoir terminée cette SaintéLyon ! 
Il n’est pas encore 12h30, ouf, j’aurai le temps de le prendre ce TGV avec une douche chaude en prime !
 
Grand respect à tous les champions de la SaintéTeam, 
Dites, on en refera d’autres des courses ensemble?  vous allez me manquer sinon.
 
 
Foulée Royale - 9 Juin
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